La poudre aux yeux
Je suppose que l'inspiration guimauve, ce n'est pas du goût de tout le monde. Soit que la Fête de Noël soit associée à un malheureux événement ; soit qu'on n'y voie qu'une fête commerciale avec étalage de bouffe et corvée de cadeaux ; soit encore qu'on redoute plus que tout les réunions familiales.
Bien que j'aie loupé un nombre incalculable de Fêtes de fin d'Année pour des raisons qui n'appartiennent qu'à moi, je continue à croire au Père Noël, à l'Esprit de Noël, au miracle de la Nativité. Le 24 décembre au soir il n'est pas rare que je me rende à l'église fêter avec la communauté de mon village la naissance du Christ. Même si j'aime apporter à la Fête de Noël la connotation religieuse qui la rend si chère à mon coeur, Noël est avant tout pour moi une fête de famille, bien qu'au fil des années nous soyons de moins en moins nombreux autour de la table, de la crèche et du sapin.
Mais bon, me direz-vous : le Marché de Noël, le Village de Noël, la ferme de Noël, les vitrines de Noël, la déco de Noël, ça commence à faire beaucoup. N'existe-t-il donc plus rien d'autre au monde que le blanc sucré de la neige artificielle et le rouge pétant du manteau, du traîneau du Père Noël ?
Ce à quoi je pourrais vous répondre : franchement, je ne sais pas. Je ne vois rien autour de moi qui soit aussi joyeux que ces apparats de Fêtes. Je n'ai rien trouvé de mieux que le faste honteux de ces superficialités pour me distraire des rudesses éprouvantes de la réalité.
Je voudrais être jeune, avoir encore auprès de moi mon père, et ma mère en bonne santé, et mon frère avec son rire qui fait taire l'adversité. Je voudrais escalader les falaises comme autrefois, mourir de soif au soleil, et pouvoir reprendre mes forces après avoir bu un seul verre d'eau. Je voudrais passer des nuits blanches à écrire et me fiche de tout le reste, du travail en tête de liste. Je voudrais tant de choses qui ne sont plus de mon âge, que je ne suis plus en état de faire, ou que je n'ai plus les moyens de m'offrir.
Le temps passe.
Noël revient toujours, comme le printemps. La promesse de Noël, c'est la dernière chose qu'il me soit encore possible d'attendre et d'espérer sans risquer de me planter. Alors vous qui passez, vous pouvez peut-être me laisser ça, et faire semblant d'y croire aussi ?